CONFORMISME vs ANTI-CONFORMISME : quelle voie pour réinventer notre société et nos organisations ?

CONFORMISME vs ANTI-CONFORMISME : quelle voie pour réinventer notre société et nos organisations ?

BIENVENUE DANS CE DEBAT ENTRE 2 FIGURES DE NOTRE MONDE QUI DEFENDENT LEURS ATOUTS POUR REPONDRE A CETTE QUESTION

Le Conformisme :
– « Mesdames et Messieurs. Avant toute chose, permettez-moi de vous rappeler ce pour quoi nous sommes réunis aujourd’hui. Suite à des désaccords et tensions constatés au sein de notre binôme, Notre médiateur, Le Juste, nous donne l’occasion d’échanger. »

-« Nous sommes donc ici ensemble :
1. Pour échanger sur notre façon de fonctionner et essayer de mieux nous comprendre
2. Pour aider la société et les organisations à évoluer et à relever les défis de notre monde complexe et incertain.
Je vais tout d’abord me présenter en quelques mots, puis je vous ferai part de ce qui est important pour moi.
Je m’appelle Akel CONFORMISME et mon activité existe depuis que les femmes et les hommes interagissent ensemble. Depuis le début en somme, depuis la nuit des temps pourrait-on dire. Personnellement, dès l’enfance j’ai pris le relai de la génération précédente, intégré les repères clés pour les transmettre, fidèle à nos traditions. Capable d’évoluer bien-sûr, c’est en me référant au plus grand nombre, à l’avis général que j’oriente ma pensée puis mon action dans la société. Mais il ne s’agit pas de parler de moi personnellement ; en effet, ma personne, individuellement ne représente pas grand-chose. C’est dans le collectif, dans la pensée dominante que je me sens bien, à l’aise et utile. »

« Reprenons cela ensemble, si vous le voulez bien :
Nous n’en avons pas toujours conscience, mais notre besoin de conformisme est profond. Les gens ont besoin de se conformer. Parfois, ils se consolent du conformisme en cultivant des idées originales, comme l’évoque JP Hameury. Mais il y a beaucoup de bénéfices dans le « prêt-à-penser » culturel, dans le comportement conforme : on appartient alors à un groupe, on assimile et s’assimile à des valeurs, on s’insère dans le monde (cf. B.Cyrulnik in Mémoire de singe et paroles d’homme). »

-« Même si nous ne nous en rendons plus compte, car cela fait partie de notre fonctionnement au quotidien, nous devons au conformisme, le confort des rituels, des repères, dans les entreprises comme dans la vie. Sans eux, pas d’ordre, pas de clarté, pas de fil conducteur évident. Pas de continuité non plus dans le temps. Avec le conformisme vient la constance, la répétition qui ancre les pensées et les actions dans un socle commun. C’est ce qui fait Société ! »

-« Et si nous avons besoin d’évoluer, c’est à partir de nos repères, de ce qu’un ensemble plus grand que soi sait et connait, que l’évolution se fait. On n’avance pas dans la rupture, dans le rejet, dans l’anéantissement de ce qui est jusqu’ici. On progresse à partir de la reconnaissance de la tradition, des usages, des manières de pensée ou d’agir du plus grand nombre. »

-« Ces normes sociales, nous les avons intégrées. La plupart du temps, nous n’y pensons plus, car elles font partie de nous. Elles guident nos décisions, rapides et efficaces. Elles nous permettent une économie de moyens et d’énergie de l’esprit. »

-« Cette socialisation est une base commune entre nous. Elle se traduit par un accord implicite entre membres d’une communauté, et par la stabilité qui s’installe dans le temps. Elle est un facteur de paix. »

-« Le conformisme exige de nous, l’oubli de notre personnalité, une obéissance parfois aveugle. Mais c’est le prix pour un engagement derrière les décideurs et une action convergente, unie. »

L’ anti-conformisme :
– « Que de beaux et longs discours qui nous endorment, on vous reconnaît bien, le Conformisme ! Et La modestie ne va pas vous étouffer. Vous invitez à l’oubli de sa personnalité et une obéissance aveugle. En d’autres termes, de s’en remettre aux autres, à quelque chose d’extérieur à soi dont nous avons oublié l’origine et dont nous ne questionnons plus l’intérêt et le sens. Voilà qui va nous aider à nous réinventer ! »
– « Voyez-vous, nous les anticonformistes, nous sommes des êtres libres de pensée. Nous ne nous contentons pas de l’existant, de ce qui est « universellement » admis. Heureusement que Copernic et Galilée * ne se sont pas contentés des croyances de l’époque, sinon vous continuiez à croire que la Terre est plate ! »
– « Nous autres, nous apportons de l’originalité, de la créativité car justement, nous ne nous enfermons pas dans UNE vérité, nous refusons la pensée unique, les normes qui disent comment les choses doivent être ou se faire. Nous ne voyons pas l’être humain comme un cailloux qui ne prendra que la lumière qu’on lui donne, mais comme un être pensant, unique qui peut donner sa propre lumière. »
– « Si je vais plus loin dans notre identité, nous sommes épris de liberté et rejetons tout ce qui veut s’imposer. C’est une philosophie de vie qui a permis à l’Homme, à certains Hommes, de faire grandir notre société. Les aventuriers qui se sont lancés dans la découverte des Océans, de nouvelles terres, et de la science, du cosmos, sont sorties du conformisme, de la fameuse pensée unique que vous défendez si bien. Nous, les anticonformistes, défendons l’idée qu’il vaut mieux tenter 10 choses et en réussir 3, que d’avoir 100% de réussite dans 1 seule tentative. Nous apprenons alors de nos erreurs, nous nous enrichissons de nouvelles expériences, nous restons dans l’action plutôt de monter des barrières qui protègent des prés carrés. Alors, se ré-inventer en reproduisant les choses du passé, non Merci, c’est une plaisanterie ! »

Le Conformisme :
– « Laissez-moi vous répondre : chacun doit pouvoir s’exprimer. En fait de vantardise, permettez-moi de vous dire que vous vous posez là ! Et vous parlez d’un temps si lointain que plus personne, excepté des « originaux » justement ne remet en cause. La Terre est ronde, c’est un fait existant et universellement admis. Et devant la preuve, devant le travail méthodique, fait de respect des règles, la science avance :
. Originales, les inventions des armes de guerre, toujours plus sophistiquées, belle créativité !
. Très constructif votre refus d’UNE vérité, ferment des conflits qui nous entourent, tant au niveau interpersonnel que des Etats dans le monde !
. Très utile, vraiment, ce regard de chacun, individu à part entière criant MOI MOI et MOI !
. Ah ! Et votre sacro-sainte liberté, pardon, qui cache à peine votre égoïsme monstrueux, votre goût du désordre, de l’excitation, du SANG !
Dites-moi, quelle innovation n’est pas un peu issue d’une chose du passé ? Vous placer en opposition avec le passé, c’est aussi tenir compte de ce passé, vous situer par rapport à lui ! Sans cette référence, aucune création possible. »

L’ Anti-conformisme :
Vous parlez si bien de moi … je vais vous parler de vous tout aussi bien !
Vous êtes d’une telle obéissance, une bonne tête bien sage … l’enfant modèle, parlant en société avec une politesse à toute épreuve, je vous félicite.
Allez, enlevez votre masque, et cessez cette hypocrisie. Sortez de votre soumission et osez dire ce à quoi vous croyez vraiment. Faites preuve de courage, battez-vous pour vos convictions ! Ne faites pas dans la demi-mesure, ou alors vous continuerez à faire semblant. Au mieux, vous resterez dans l’ignorance en gobant ce que la société vous raconte, au pire vous perdrez votre identité en agissant pour satisfaire ce que les autres attendent de vous.
A moins que vous ne soyez trop lâche et préférez la sécurité du conformisme que le risque d’être libre.
Pour se réinventer, il n’y a pas de demi-mesure. Effectivement, c’est une révolte à conduire, une révolution pour effacer toutes les traces d’un monde qu’on ne veut plus.
… je vais vous dire carrément ce que je pense de vous …

Le Médiateur « Le Juste »
– « Messieurs, Messieurs ….cessez ! Vous êtes aveuglés l’un comme l’autre pas vos certitudes.
– Vous, l’anti-conformisme, en reprochant les autres de ne pas l’être, vous contredisez votre propre valeur de liberté. Vous créez une nouvelle norme qui doit s’imposer aux autres, à tous, et vous créez une autre forme de conformisme. Retenir sa parole et ses idées, que ce soit en conscience pour se protéger ou inconsciemment car non habituel, est une liberté ! Et poser sa parole ne peut être qu’un acte choisi par la personne au moment où elle le décide.

– Quand à vous, le Conformisme, vous êtes aussi dans vos certitudes. En rejetant l’anticonformisme, en jugeant leurs idées farfelues, hors réalité, scandaleuses, vous tombez à votre tour dans le barbarisme.

– Voyez-vous, vous vous ressemblez beaucoup au fond, vous êtes les 2 faces d’une même pièce.
– Je vous suggère une 3ème voie : la crête ! »

Conformisme et Anti-conformisme (en chœur) : « la crête ??? »

Le Médiateur « Le Juste » :
– Oui Messieurs, la crête ! La crête est un chemin étroit à suivre, en veillant à ne basculer ni d’un côté , ni de l’autre, à ne pas se laisser glisser ni vers le conformisme total, le conservatisme absolu, ni vers l’anti-conformisme acharné qui renverse la table par principe.
– La crête n’est pas une voie simple. Elle exige de l’observation, du questionnement, et du sens. Le Renouveau que nous recherchons est un chemin de conscience, sur soi, sur sa façon d’être et d’agir et sur les conséquences de ses actes. C’est un chemin d’ouverture et d’action dont aucun de vous ne sortira vainqueur si vous vous enfermez dans votre certitude.
– En revanche, en faisant union, vous pouvez guider notre société vers ce qu’elle a de meilleur : chacun de vous n’existe que par rapport à l’autre. Supprimez l’un de vous, et l’autre, son contraire, n’a plus de raison d’être. Nous avons besoin de stabilité tout en étant dans un mouvement qui laisse place à la création.
– Pour vous, l’anti-conformisme, c’est l’Homme qui fait la société !
– Pour vous, le conformisme, c’est la société qui fait l’Homme !
– Eh bien, vous avez tous les 2 raisons. Et tord si vous ne reconnaissez pas le sens opposé.

Alors effectivement, ça va vous demander un immense effort. Ce sera moins confortable que de rester dans vos retranchements. Sortir de ses certitudes, que vous soyez conformiste ou anti-conformisme demande d’emprunter cette crête étroite, de l’emprunter ensemble, de vous entraider.
Allez Messieurs, je vous encourage à tenter cette aventure, le monde a besoin de chacun de vous, ensemble. Vous avez le pouvoir de nous rassembler et faire de cette crête un chemin de tolérance et de coresponsabilité vivante et éveillée.

Cher lecteur : que nous raconte ce débat fictif ?

Le chemin de la réinvention est rempli de pièges si chacun reste trop dans ses certitudes. Opposer le « vieux monde » et « le monde moderne » ne fait que créer des camps, comme s’il fallait appartenir à l’un ou à l’autre.
• Notre société ne peut oublier son Histoire, elle a besoin de la regarder pour en garder le meilleur, pour ne pas couper dans ses racines. C’est un besoin pour chacun, un besoin pour toute organisation, un besoin de société de pouvoir dire « d’où je viens ? ».
• Notre société a besoin de se projeter, de créer de nouveaux repères : c’est un besoin de perspective vers une société qui se préoccupe sérieusement des grands défis de l’environnement, des énergies, des ressources, de la faim dans le monde, de l’éducation, et des défis économiques.

Défendre ses convictions tout en suivant cette ligne de crête,
c’est un art de dialogue à acquérir,
pour que ce dialogue serve à la construction.

  • Nous sommes tous le conformiste / l’anticonformiste d’un autre. Dans l’action, observer, avec ouverture et conscience ce qui nous surprend, nous agace, nous enchante est un moyen d’avancer côte-à-côte sur un chemin inédit…jusqu’ici.
  • C’est dans le temps Présent que l’essentiel se joue, celui de l’Action. C’est dans l’action & le dialogue que les personnes apprennent à véritablement se connaître.
  • C’est dans l’action & le dialogue que se créent un sens commun, une expérience commune, un langage commun, un partage d’une nouvelle vision faite de convergences et de divergences, de découvertes. Les fruits de l’action vont venir bousculer les représentations, qu’elles soient conformistes ou anti-conformistes,
  • La seule dimension économique ne nous permettra pas de répondre aux défis à venir. Mais il suffit que chaque projet apporte un plus dans une des autres dimensions, humaines ou environnementales ou sociétales, à partir des sensibilités et des talents présents, pour que cette réinvention se passe collectivement, dans nos différences, dans notre complémentarité.

« Le cercle des poètes disparus », ca vous dit quelque chose ? jetez un oeil ….vidéo

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*En -350, Aristote prétendait que la Terre était ronde en observation l’ombre de la terre sur la lune lors des éclipses.
En – 200, Erasthotène avait estimé la circonférence de la Terre à 39 375 Km

Laure ROSENSTIEL – ALBATRA   &   Sylvain ZANNI – NEOVANCE