Traversons les cycles pour des transformations régénératives

Traversons les cycles pour des transformations régénératives

26 juin 2023, nous nous retrouvons avec Virginie dans notre exploration mensuelle des transformations régénératives. Embarquez avec nous pendant 10 mn de traversée, cela risque de vous parler ….

Les fins de cycle : parce que tout change !
Sylvain : Il y a des moments où l’on a l’impression de ne plus être en phase avec son environnement. On ne sait pas vraiment pourquoi, c’est plutôt de l’ordre d’une sensation d’usure, de perte d’énergie ou d’envie. Des signaux font leur apparition de temps en temps, et nous les laissons passer, sans y prêter plus d’attention. Puis ils reviennent de plus en plus souvent, avec une présence qu’il n’est plus possible d’ignorer.
Virginie : Oui, ce sont ces moments où l’on arrive au bout d’un cycle mais on ne le perçoit pas tout de suite.
S : Effectivement, nous nous en rendons compte tardivement à cause de notre besoin plus ou moins fort de maintenir nos repères, nos certitudes, ce que nous connaissons bien, et qui est source de confort, de facilité, de sécurité. Nous requestionner, observer ce qu’il se passe demande de l’énergie et du temps, avec la crainte inconsciente de tout perdre qui peut venir s’immiscer.
V : Mais contenir tout cela et garder le contrôle est aussi consommateur d’énergie. On ronge son frein, en quelque sorte, plus ou moins en silence. La satisfaction n’est plus au rendez-vous. Cela fait un moment qu’elle a cédé la place à de l’ennui ou de la démotivation ou à une perte de sens. Alors arrive un moment où nous comprenons, comme une évidence, que quelque chose se termine.
S : Cette prise de conscience peut être progressive – parce que nous percevons que nous avons fait le tour de notre job, parce que nous ne sommes plus assez stimulés – ou de façon soudaine, à cause d’un évènement professionnel ou personnel, à cause d’une crise, à cause d’un virus qui change le monde pendant 2 ans.
Personnellement, c’était souvent pendant les grandes vacances, ou à la suite d’évènements marquants qu’ont surgi les grandes questions, les rêves et les remises en causes. La reprise de l’activité professionnelle après les vacances, me ramenait tel un puissant élastique dans ma zone habituelle, dans le torrent d’activités, dans ce que je connais bien de moi. Mais à certains moments de mon parcours, l’envie d’autre chose s’accumulait, et un combat intérieur s’engageait entre des forces antagonistes, entre l’envie et le doute, entre la raison et la passion.
Qui allait l’emporter ? Était-ce la vie contenue dans la passion ? Ou la raison porteuse de stabilité ? Ou encore un savant mélange des 2 ?
V : Pour moi, certaines fins de cycle se sont souvent accompagnées d’ennui, avec le sentiment d’avoir fait le tour de mon activité professionnelle, de maîtriser tous ses tenants et aboutissants ; ou alors elles se sont matérialisées par des événements venant challenger mes valeurs : changement de leadership, réorganisation territoriale, restrictions budgétaires avec identification de nouvelles priorités. Rarement confortables pour moi, ces changements qui se sont imposés à moi.
S : Oui, les raisons et la manière de vivre ce changement sont propres à chacun, selon sa personnalité et son contexte. Mais une question peut être commune : comment faciliter et mieux réussir cette traversée d’une fin de cycle vers l’ouverture d’un nouveau ?

De la fin d’un cycle au nouveau cycle
V : Soyons concret. Pour illustrer cette traversée, peux-tu nous partager un peu de ton vécu ?
S : Hum … pas évident de choisir ! 2 situations bien différentes me viennent. La première a été un changement de cycle soudain tandis que la seconde a été lente et construite. 2 histoires bien différentes. Tiens, j’ai envie de leur donner un titre !
« Une crise régénératrice » : Je me souviens de cette crise professionnelle inattendue en 2003 où j’ai fait le choix de me mettre en mobilité dans l’entreprise suite à un désaccord sur la manière d’être managé dans l’équipe par le N+1. J’ai même refusé la promotion proposée pour me faire rester, tant cela ne collait pas à mes valeurs. J’ai vécu cela comme une crise car j’avais le sentiment de me faire Harakiri sur ma propre évolution professionnelle. J’ai rejoint une autre équipe, quittant l’expertise de mon métier et mon rôle de manager. Cette transition m’a amené dans l’apprentissage d’un nouveau métier, d’un nouvel environnement, et la découverte de ressources inconnues en moi. Ce nouveau cycle m’a ensuite projeté 2 ans plus tard sur un projet qui a servi de révélateur à ce qui m’animait profondément et qui constituait, sans le savoir, le chemin qui m’a amené au coaching. Une crise régénératrice !
V : Comment as-tu traversé ce changement de cycle ?
S : Sur le coup, je n’en avais aucune conscience. Il y avait même de l’inconscience à faire cela car mes émotions étaient d’une grande intensité. Ce qui fût à l’origine de la décision, c’est quelque chose en moi plus fort que moi, comme un instinct de survie d’une partie précieuse. Une question d’éthique que je peux nommer aujourd’hui, avec le recul. Je ne pouvais pas rester, je ne pouvais pas ne pas quitter. C’était incompréhensible pour les autres, et même aussi pour moi à ce moment-là. La traversée m’a été facilitée par le retour à un calme intérieur et aussi grâce aux nouveaux collègues et responsables qui m’ont accueilli : ils m’ont aidé à apprendre mon métier, à retrouver de la confiance et un sentiment d’équipe. J’ai toujours de la gratitude pour eux.

   V : Et ta seconde histoire alors ?

S : « La détermination de l’escargot » : tu vas comprendre pourquoi ce titre qui correspond à à mon passage de statut de salarié à celui d’indépendant. C’est lors de mes vacances d’été dans le Gers en 2005, quelque mois après ce fameux projet révélateur, que je me pose : Pendant que mes filles font leur sieste, je m’installe tous les après-midis sur une table, face à la nature et un large horizon afin d’écrire et de dessiner mon chemin professionnel, d’écouter mon élan vers l’accompagnement des autres. Je ne connaissais pas le mot « coaching » ! L’écriture lente passe du rêve au plan d’action, puis à des décisions de reprendre des études en RH, de faire des formations, de faire des rencontres. 1 an plus tard, je me porte volontaire pour intégrer le plan de licenciement en cours. Je pars et occupe pendant 5 ans un poste de directeur et d’accompagnateur dans l’innovation, en n’ayant pas caché mon projet professionnel de me mettre à mon compte. Ici, je peux commencer à accompagner, suivre ma formation en coaching et en voir tous les effets concrets dans mon management. En juin 2012, c’est le saut : je me lance définitivement dans mon nouveau parcours professionnel, mon activité actuelle.
Comment ai-je traversé ce changement de cycle ? Contrairement à la 1ère situation, la transition s’est faite progressivement sur le plan des compétences et psychologiquement. Le projet s’est formé chemin faisant et je l’ai testé pour m’approcher au plus près de sa réalisation avant le saut. 7 ans depuis l’embryon d’une envie très flou, où les mots me manquaient pour l’exprimer mais avec une sensation irrésistible, plus forte que toutes les résistances.
Qu’est-ce que ça t’inspire Virginie ?

 V : Je me reconnais dans ce que tu dépeins. J’aurais envie d’ajouter les fins de cycle qui viennent de nulle part et surgissent brusquement en impactant tout le monde. Je pense par exemple à la crise du COVID. Au départ, j’ai cru cette crise passagère, me suis inconsciemment programmée pour attendre le retour à « la normale ». Mais il n’y a pas eu de retour au quotidien d’avant. Au niveau collectif, des transformations de la façon de travailler sont apparues et elles sont devenues aujourd’hui durables. Mon activité d’indépendante en a été profondément marquée. D’abord la très forte réduction d’activité. Puis, sans que je ne m’en rende compte tout de suite, des nouvelles opportunités se sont ouvertes à moi et j’ai réalisé bien plus tard que j’ai pu me positionner sur des nouveaux projets, bien plus en phase avec ce qui anime mon cœur et mon âme. Le développement du télétravail a transformé ma vie d’indépendante, a ouvert des possibilités de création que je ne soupçonnais pas jusqu’alors, m’a fait embarquer sur des projets innovants et internationaux que je n’aurais pas imaginés et, au passage, j’ai rencontré des gens extraordinaires. Aujourd’hui, la crise est passée mais je ne suis pas retournée en arrière, bien au contraire.
Comment identifierais-tu les jalons d’une fin de cycle ? ou ceux d’un début de cycle, car au fond, toute fin est un début, non ?

S : Je dirais que j’ai vécu différents temps avec parfois des allers-retours, comme une oscillation qui avance :
• Porter une intention, aussi flou soit-elle au départ
• Rencontrer des personnes autour de mes nouvelles envies (dans mon cas l’accompagnement), lire et découvrir, réunir toutes sortes d’informations
• Revisiter et Capitaliser sur mes expériences passées
• Écouter en profondeur ce qui est appelé en moi, de ne pas me précipiter dans « il faut tout de suite changer »
• Dessiner mon projet, en faire une image
• Transformer le projet en plan d’action
• En parallèle, accepter de traverser cette période de « trouble » pour passer de l’envie à l’action
• Puis agir progressivement, expérimenter, et continuer à nourrir son projet, son plan d’action tout en restant au contact de ce qui me motive : Chaque fois que je relisais mon projet, je vibrais, et me calmais sur mon impatience.
• Me lancer totalement et déployer

  V : La durée de cette entre-deux est spécifique à chacun, à son histoire, à son contexte, à sa personnalité, à son processus de création/réadaptation. Certains vont plonger très rapidement.

S : Tu as complètement raison. Je crois aussi qu’un élément commun est à la source de la réalisation d’une telle traversée : c’est une pulsion de vie à un moment où le besoin de se réinventer, de se reconnecter à soi et à une motivation profonde devient irrésistible.
Un principe essentiel du vivant nous éclaire : Les cycles adaptatifs du vivant. Toute l’histoire du vivant est passée par des fins de cycles pour renaitre sous une autre forme. Notre vivant en nous appelle aussi ces cycles biologiques et régénérateurs pour se remettre en phase avec soi-même … dans un monde où ce temps biologique devient difficile par rapport à son rythme effréné.

  V : Sylvain, c’est la même chose dans les équipes et les organisations qui vivent aussi ce sentiment de devoir ouvrir un nouveau cycle, de retrouver un nouvel élan que ce soit dans une manière de fonctionner, de relationner, de se développer, d’innover. C’est un moment où individuellement et/ou collectivement, on a besoin de se retourner sur soi/nous pour retrouver ses marques, repérer les habitudes, les mécaniques de pensées et de fonctionnement qui se sont mises en place et peut-être nous détournent des enjeux et de nos potentiels.

S : On est bien d’accord. La question est peut-être « Comment transformer les pensées, les ressentis qui empêchent de quitter une fin de cycle en nouvelles questions qui ouvrent au renouveau ? »

Virginie et moi partageons ici un extrait de la grille simple, voir simpliste, que nous avons construite à l’occasion de notre échange mais qui nous semble porteuse d’une posture d’esprit tournée vers le mouvement, le vivant.

                        Freins                              Ouverture
Je n’ai pas le temps/l’envie d’écouter ce qui m’ennuie Derrière mon ennui, qu’est-ce que mes ressentis me racontent sur mes en-vies ?
Je ne suis pas à plaindre, y’a pire Qu’est-ce qui, en moi, a envie et le droit de s’épanouir davantage ?
J’ai envie de quitter cette situation Qu’est-ce qui est à la croisée de mes « talents » et de ce que j’aime faire ?
J’ai la sécurité de l’emploi. Mon revenu est régulier. Mes proches comptent sur moi. Qu’est-ce qui me rendrait heureux professionnellement, et inspirant pour mes enfants ?
J’ai quand même intérêt à rester ici. Je suis performant et reconnu dans ce que je fais. En partant dans un nouveau cycle, à quoi tu dirais OUI, à quoi tu dirais NON ?
Je dois répondre à des attentes, à des normes, à une représentation de la réussite (sociales ou professionnelles) Qu’ai envie-je de faire rayonner, d’émettre, de libérer ?
J’en ai marre de subir En me sentant libre et sans limites à cet instant, qu’est-ce que j’ai envie de choisir ?
C’est impossible de changer, c’est trop tard Quel premier petit pas irait dans le bon sens ?

 
Notre message n’est pas de dire qu’il faut changer de situation à chaque fois qu’il y a un problème. Nous parlons de fin de cycle où rentrent en jeu notre vitalité, le sens de nos actions, la connexion avec notre essence. Un changement de cycle et de renouveau qui se produirait en moyenne tous les 7 à 10 ans.

Nous nous sommes alors souvenus du cycle de Hudson avec ses 4 saisons de traversée, que notre confrère NICOMAK illustre parfaitement.

                                                  

Ce cycle de 4 saisons est autant vrai pour une personne que pour un collectif qui traverse aussi des cycles et a besoin de se régénérer.

                                                                                     Et vous ?
Les vacances d’été approchent. Un moment de pause. Un moment de vide qui peut laisser place à ces ouvertures, à ce ralenti, à ce retour à soi. Une pensée pourrait venir du genre « ce n’est pas la vraie vie pendant les vacances ». Et si c’était le contraire ? Et si c’était ce moment où refait surface ce qui est cadenassé par le rythme quotidien ? Et si c’était cette période où notre mental se calme, nous fout un peu la paix et laisse place à nos rêves et nos envies ? Et si c’était l’expression d’un nouveau cycle ?

Bonnes vacances à votre mental !

Formation « Les transformations régénératives »
Prochaine date : 19 et 20 Octobre 2023
Pour plus d’informations : Tél : 06 99 10 84 20 ou zanni.sylvain@gmail.com
Site : https://www.neovance-coaching.fr